Dernier jour 15h00

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Agence France Presse, aujourd'hui 15 : 00 : La ville de Lourdes est à nouveau paralysée par le gigantesque afflux des pèlerins venus de toute l'Europe. Hier, quatre personnes sont décédées simplement parce qu'on n'a pas pu les transférer à l'hôpital à temps. C'est la quatrième fois ce mois-ci que les autorités locales perdent le contrôle de la situation. En effet, bien que très calmes et coopératifs, les pénitents sont si nombreux dans les rues de la ville qu'ils entravent la circulation des véhicules, provoquant des encombrements monstrueux. La capacité d'accueil de la ville ayant depuis longtemps été saturée, on trouve des tentes dans tous les jardins et sur les places, certaines rues même ont été fermées à cet effet. Depuis des semaines, l'approvisionnement en vivres des commerçants et des restaurants de la ville s'effectue la nuit, mais le maire est inquiet, car les réserves seraient au plus bas. La situation sanitaire est aussi préoccupante, surtout en regard de la moyenne d'âge élevée de cette population fervente et de la mauvaise météo. Interrogé à ce titre, le préfet a déclaré : « Hier, nous avons mis en place un dispositif tout autour de la ville afin de contrôler les entrées. Aucun nouveau pèlerin ne sera accepté. J'invite ceux qui sont déjà à l'intérieur et qui m'entendent à sortir. Sinon, j'ai bien peur qu'il nous faille attendre que la faim en fasse ressortir le plus grand nombre possible. À ce stade, nous n'avons pas d'autre solution ».

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Morgan prit l'appel malgré ce qu'elle lut de la provenance, qui était étrange, et que son implant mit une seconde entière à analyser, avant d'annoncer que l'appel était effectivement anonyme.

— Morgan Kerr ?

— Oui.

— Nous posons une condition supplémentaire à notre accord.

— Pardon ?

— Ce point n'est pas négociable. Je vais vous l'énoncer.

Comme Morgan restait silencieuse, l'homme dit sentencieusement :

« La dernière passagère sera votre fille.

— Je ne suis pas certaine de bien comprendre.

— Je suis certain que vous avez très bien compris, et je vais vous expliquer par quel moyen nous avons verrouillé cette option : si vous tentez d'embarquer votre fille avant d'avoir fait ce que vous vous êtes engagée à faire, quelque chose de très très très désagréable va se produire pour elle.

— Ne menacez pas ma fille !

— Pour une menace, s'en est une, et croyez bien que nous sommes tout à fait préparés à la mettre en exécution.

La ligne devint silencieuse.